par Ana Partners
Implanter son entreprise dans un ou plusieurs autres pays, c'est sortir de sa zone de confort et devoir s'adapter aux divergences culturelles, prendre en compte un fonctionnement différent et découvrir une autre manière d'appréhender la vie professionnelle. Vivre une aventure entrepreneuriale à l'étranger nécessite une acclimatation importante et une modification en profondeur de ses habitudes. Souhaitez-vous établir votre entreprise dans un pays ayant une approche plutôt rigoureuse ou plutôt décontractée du travail? Travailler avec des collaborateurs dont la culture est proche ou éloignée de la culture française ? Afin d'y voir plus clair, voici quelques exemples de pratiques professionnelles dans les principaux pays représentant un attrait pour les entreprises françaises.
1. ÉTATS-UNIS : DES RELATIONS PROFESSIONNELLES DE PROXIMITÉ
Il existe de profondes disparités de culture d'entreprise entre la France et les États-Unis. Contrairement aux Français, les travailleurs Américains ont tendance à se définir et à s'identifier à leur profession, à prendre moins de pauses ou des pauses moins longues pendant leur temps de travail, à se confier rapidement et à établir une relation informelle et de proximité avec leurs collègues. De même, un débat ou une confrontation ouverte d'idées, sont considérés comme impolis et inappropriés aux États-Unis, tandis qu'en France se lancer dans une conversation animée entre collègues pendant la pause déjeuner est tout à fait envisageable.
L'enthousiasme et le positivisme à l'extrême sont également très présents dans le management à l'américaine; en France en revanche, les compliments et encouragements à l'échelle professionnelle sont plus modérés.
En outre la gestion des réunions est aussi diamétralement opposée : alors qu'en France les réunions durent à n'en plus finir, s'étirant autour d'idées et de représentations conceptuelles et abstraites, aux Etats-Unis, ces rassemblements professionnels sont davantage pragmatiques et axés sur l'essentiel.
2. JAPON : PROFESSIONNALISME ET SENS DU DEVOIR
Si vous développez votre entreprise à l'international en choisissant de vous installer au Japon, sachez que l'une des différences capitales est le temps consacré au travail. En effet, très investis dans leur activité professionnelle, les salariés japonais travaillent entre 40 et 44 heures par semaine, ne prennent presque jamais de vacances et font passer leur entreprise avant leur famille.
À l'opposé de la culture individualiste qui caractérise les entreprises françaises, les entreprises japonaises privilégient l'esprit de groupe, avec au sommet de la pyramide d'un système hiérarchique, la figure un patron en qualité de patriarche honoré et respecté.
Les notions de respect très protocolaire, de soumission à la hiérarchie, de sacrifice et de rigueur y sont très importantes (les japonais ne mangent pas à leur poste de travail par respect pour le service de nettoyage, ne quittent pas l'entreprise avant leur patron en signe de respect...). De même qu'aux Etats-Unis, les réunions sont courtes, directes et efficaces.
3. CANADA : DÉCONTRACTION ET ADAPTABILITÉ
Différence capitale par rapport à la France : au Canada, on ne s'embarrasse pas de paperasse ni d'engagements écrits pour clore un accord d'embauche. Un contrat oral suffit, le premier bulletin de salaire faisant office de preuve d'engagement vis à vis de l'entreprise. Autre divergence de taille : les salariés canadiens sont rémunérés à la semaine ou bi-mensuellement.
Sur le plan relationnel, les rapports professionnels entre la hiérarchie et les employés sont très décontractés. En effet, il n'est pas rare de tutoyer ses supérieurs hiérarchiques même hauts placés ou encore se comporter de manière familière avec son patron. Tous ces comportements sont parfaitement tolérés et considérés comme normaux.
Au pays de la feuille d'érable, l'heure c'est l'heure ! On travaille généralement de 9 heures à 17 heures et on quitte l'entreprisecomme l'ensemble des autres collègues sans personne pour s'en offusquer. Et pour cause : après le travail, le salarié canadien, mène souvent une deuxième carrière en parallèle de son poste principal.
Les managers canadiens savent faire preuve de compréhension et d'adaptabilité quand il s'agit de privilégier l'épanouissement professionnel des salariés en aménageant les plannings en fonction de la vie privée, afin de pouvoir jongler avec les obligations familiales. L'approche du travail est très concrète et efficace, si bien que l'autonomie et l'esprit collaboratif sont fortement encouragés.
Enfin, prenant exemple sur le système américain, au Canada il est beaucoup plus facile et rapide de licencier les collaborateursqu'en France, avec, à contrario, beaucoup plus de facilités à retrouver un emploi pour lesdits collaborateurs.
4. ALLEMAGNE : RIGUEUR ET DISCIPLINE
Très formels, les allemands ne plaisantent pas avec le respect des règles, la discipline, la politesse, la ponctualité et la courtoisie au bureau. Réservés, stricts et modérés, leur vision de vie en entreprise se veut plus distante entre collaborateurs, bien que le travail collectif est fortement valorisé et davantage égalitaire avec la hiérarchie, qui se veut moins ostentatoire qu'en France. En effet, le management à l'allemande est un management horizontal, participatif et collaboratif. Les décisions prises par la hiérarchie ne sont jamais imposées mais discutées, l'objectif étant de trouver un consensus favorable aux deux parties.
La vie privée est considérée comme primordiale en Allemagne, et il est plutôt mal vu de s'éterniser au bureau. Le télétravail est ainsi fortement encouragé pour favoriser l'épanouissement professionnel, et ce qui compte avant tout c'est la rentabilité et la qualité de travail du salarié.
La réflexion qui précede l'action, la stratégie , la planification, le calcul sont également l'apanage des collaborateurs Allemands, bien loin de l'esprit de créativité et d'une certaine forme d'insouciance propres aux Français.
Autre particularité allemande : l'organisation du travail se fait sur un mode monochronique, c'est à dire que les missions effectuées par les employés sont traitées de manière séquentielle, et pas en même temps comme c'est le cas des travailleurs français.
En ce qui concerne les critères à l'embauche, les Allemands sont bien moins regardants sur les diplômes et le niveau d'études que ne le sont leurs voisins Français qui accordent une importance capitale à la préstigiosité des grandes écoles et qui ont une approche beaucoup plus élitiste du diplôme. Avoir effectué un cursus d'études brillant, ne signifie en rien que le jeune diplôméest capable d'efficacité sur le terrain, une fois en poste. Ainsi les recruteurs allemands font une différence entre la théorie et la pratique et accordent davantage de confiance au savoir-être des candidats à l'emploi, à savoir une attitude proactive, une intelligence personnelle, une manière de travailler pragmatique et efficace, le sens de l'adaptabilité et de rigueur, la motivation et l'atteinte de résultats in situ.
La compétitivité, l'efficacité, l'assiduité et la régularité des travailleurs allemands ont permis à l'Allemagne sérieuse et pondérée de se hisser sur la 4ème place de podium en tant que puissance économique à l'échelle internationale.
5. ANGLETERRE : FAIRPLAY ET TRAVAIL COLLECTIF
Comme tous les pays anglo-saxons, l'Angleterre jouit d'une certaine liberté en ce qui concerne les relations entre les employés et leurs supérieurs. En effet, le fossé abyssal qu'on peut trouver en France entre les cadres et/ou les cadres dirigeants d'un côté et les employés de l'autre, n'existe pas dans les entreprises anglaises. Et pour cause : les employés y sont envisagés comme des collaborateurs et non des subordonnés. Détendue, l'atmosphère de travail est également plus réceptive aux excentricités physiques des employés, bien que de nombreuses entreprises anglaises obligent le port de l'uniforme pour bien distinguer les collaborateurs.
Le management à l'anglaise favorise l'harmonie, la démocratie et le "fairplay". Le manager se positionne en tant que coach de l'équipe plutôt qu'en leader érudit, respecté et seul décisionnaire, comme cela peut être le cas dans les cultures latines dont fait partie la France. La libre expression est donc de mise pour nos voisins d'outre-Manche, de même que la prise d'initiatives, les consensus et des décisions prises en équipe. Cependant, malgré cette légèreté apparente, les Anglais ne badinent pas avec l'engagement, le respect des règles et la ponctualité : les réunions démarrent à l'heure dite et gare aux retardataires ! Exemptes de débats ouverts, les réunions se déroulent avec une attention et une concentration religieuse, répondant toujours à un objectif clair et faisant l'objet d'un plan d'action précis.
Côté méthodes de travail, la manière de gérer les missions confiées est très différente du système français. Exit l'autonomie du travail à la française; les Anglais partagent volontiers leurs connaissances entre collégues et indiquent la marche à suivre pour réaliser les tâches. La communication est abordée avec délicatesse et ne peut se passer de mise en forme. Autrement dit, dans une entreprise anglaise la hiérarchie ne donne pas d'ordres, mais suggère à l'employé de se mettre à l'oeuvre pour telle ou telle mission.
En outre, le contrat de travail est considéré avec moins de sérieux qu'en France, et se présente comme une simple formalité.
6. CHINE : CONFORMISME ET EFFICACITÉ
Trêve de bavardages! Bien moins conviviaux au travail que les Français mais plus efficaces, les collaborateurs chinois limitent les discussions au bureau et se passent volontiers de la sacro-sainte pause café, érigée en tradition en France. De même, les réunions servent à transmettre une information spécifique et concise. Aussi, les Chinois n'hésitent pas à quitter la salle avant la fin de la réunion, sitôt qu'ils ont apporté leur contribution et estiment avoir pris connaissance et intégré les indications données. Les points de vue et les débats ne sont jamais exprimés en collectivité mais à discrétion à l'interlocuteur concerné et à huit clos.
Présents entre huit et dix heures sur leur lieu de travail, les salariés chinois plébiscitent le bien-être vestimentaire et le "comme à la maison" : chaussons et vêtements confortables sont donc d'usage tout comme les commandes de nourriture livrées au bureau à tout moment de la journée.
Comme dans de nombreux pays d'Asie la culture d'un refus ferme et d'un "non" affirmé, n'a pas sa place en Chine. Ainsi, des malentendus peuvent naitre lors de négociations ou de collaborations diverses entre cultures différentes.
La culture chinoise valorise la dimension "gagnant-gagnant" dans une collaboration professionnelle. Il est donc considéré très malpoli de vouloir établir un rapport de force, ou pire, de s'énerver, c'est à dire perdre sa crédibilité selon les paramètres chinois.
Le contrat de travail est modulable et est considéré comme une base de négociation pouvant évoluer avec le temps contrairement à la France ou celui-ci fait référence en cas de litige.
Très conformistes, les Chinois ne sont pas éduqués à l'audace et à la prise d'initiatives. Ouverts aux opportunités, ils peuvent laisser leur planning ouvert à d'autres propositions professionnelles plus intéressantes, multipliant les retards et reportant les rendez-vous annulés sans aucun scrupule. Très francs, les collaborateurs chinois sont à même d'exprimer leurs pensées de manière très directe ou maladroite, pouvant potentiellement offenser ou heurter leur interlocuteur d'une culture différente, peu habitué à ce type de communication. Solidaires entre eux mais peu ouverts aux autres cultures, il est relativement difficile pour un étranger de se rapprocher et de créer une connexion avec ses collègues ou employés chinois.
7. BRÉSIL : FLEXIBILITÉ ET RESPECT
Malgré une culture latine commune et une certaine européanisation du Brésil, la France et le Brésil n'en sont pas moins éloignés dans leur fonctionnement sur le plan professionnel. En cause ? Des différences dans la gestion et dans la perception du temps due à une forme de décontraction, une nonchalance déconcertante et peu compréhensible pour un esprit français.
Peuple pluriel et métissé, les Brésiliens sont peu stressés dans le travail et abordent en effet les impératifs professionnels avec une certaine flexibilité. Peu inquiets face à l'inconnu, ils font preuve d'une certaine insouciance tout en s'adaptant aux événements qui se présentent à ceux, ce qui représente tout le contraire des habitudes françaises axées sur l'organisation, la réglementation, la maitrise et le contrôle des choses.
De même, que ce soit pour une collaboration commune ou une négociation, les Brésiliens qui mélangent facilement sphère professionnelle et privée, ont besoin de connaitre leur interlocuteur au préalable, d'échanger longuement avec lui, à l'instar des Français plutôt concernés sur les tâches à faire.
Dénués d'esprit critique à la française, peu enclins à s'affirmer dans la vie professionnelle, les employés brésiliens ont du mal à refuser une demande ou une tâche, même s'ils ne sont pas certains de pouvoir s'en acquitter.
Respectueux à l'extrême de leur hiérarchie, accordant une importance de taille aux statuts sociaux et aux symboles de pouvoir, les salariés brésiliens ont tendance à adopter une attitude plutôt passive et à ne pas s'opposer face aux décisions prises à leur encontre . De leur côté, les managers évitent quant à eux de rentrer dans une relation conflictuelle ouverte avec les employés et d'énoncer des remarques négatives, préférant travailler de manière consensuelle.
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